Malgré des obstacles majeurs, le bilan de la formation en Mòyú’pa au Village Bapa se révèle être un succès remarquable. C’est l’impression générale qui se dégage de l’entretien avec Marthe Ngounou, Coordonnatrice générale du Comité Scientifique des 6 communautés (Bapa, Bâtie, Bandenkop, Bametchetcha, Bangam et Fotouni), ainsi que de la Cellule Scientifique de Bapa.
Marthe Ngounou bonjour ! Quel est votre avis global sur cette formation de deux semaines en Mòyú’pa au village Bapa ?
Merci… bonjour! Mon avis global est positif. Malgré mes inquiétudes initiales quant à l’enthousiasme des parents, nous avons finalement réussi à obtenir un nombre encourageant d’inscriptions. Au fur et à mesure du déroulement des cours, le nombre d’inscrits a augmenté progressivement, atteignant un pic de 83 inscriptions. Cependant, vers la fin de la formation, le nombre d’élèves a diminué en raison du départ des vacanciers. Malgré cela, nous avons clôturé la session avec un effectif de 45 élèves, ce qui est un chiffre respectable pour une première édition de cette formation.
Quels aspects de la formation ont été les plus réussis selon vous?
Les aspects les plus réussis de la formation comprennent la capacité des enseignantes à couvrir tous les chapitres du programme en seulement deux semaines, allant des salutations aux plats traditionnels de Bapa, en passant par les parties du corps humain , les noms des différents quartiers et de leurs chefs et le chant de ralliement. Leur engagement et leur efficacité dans l’enseignement de la langue Bapa, le Mòyú’pa, sont évidents. De plus, la sensibilisation à l’importance de l’apprentissage de la langue a été réalisée de manière créative et participative, par le biais d’un sketch présenté par les enfants, celui-ci mettant en scène des notables félicitant le Chef Supérieur Bapa pour son initiative visant à promouvoir le Mòyú’pa. En résumé, la formation a réussi grâce à sa couverture exhaustive du programme et à sa sensibilisation efficace.
Quels étaient les points forts et les points faibles de la formation d’après votre expérience ?
Les points forts de cette expérience résident dans l’enthousiasme des enseignants ainsi que des apprenants, principalement des enfants âgés de 3 à 14 ans. Les cours étaient dynamiques et attractifs grâce à l’intérêt élevé manifesté par les enfants. Cependant, la poursuite de l’apprentissage risque d’être compromise par le manque d’implication des parents à la maison, ce qui pourrait nuire à la continuité du processus d’apprentissage. De plus, je regrette l’absence de certains formateurs programmés pour cette formation, ce qui peut être compris comme un frein lié aux contraintes financières. Dans des projets communautaires, il est essentiel de faire des sacrifices et d’honorer ses engagements.
Comment avez-vous structuré et organisé la formation ?
La formation était structurée de la manière suivante : les cours étaient dispensés à l’aide d’outils basiques, notamment le livre du niveau zéro « J’apprends à parler le Mòyú’pa », et se déroulaient à l’école publique de Bapa. Les cours avaient lieu du lundi au vendredi de 8h à 12h, mais se terminaient à 11h les jours où des sorties sur le terrain étaient programmées, d’une durée d’une heure trente. Pendant ces sorties, les encadrants emmenaient les enfants visiter certains sites, tels que la case patrimoniale et le complexe sportif, entre autres. Au cours de ces visites dans les quartiers, les mamans préparaient des mets spéciaux qu’elles partageaient chaleureusement avec les petits.
Quels progrès les participants ont-ils fait pendant la formation ?
Les participants ont montré une capacité d’assimilation des cours impressionnante. J’ai été agréablement surprise, surtout étant donné qu’en ville, notamment à Yaoundé, les enfants lors des formations présentent des capacités moins avancées. Il est possible que les enfants du village aient déjà été exposés au Mòyú’pa dans leur quotidien, mais dans tous les cas, c’est un point positif.
Pouvez-vous identifier des domaines spécifiques où les participants ont montré une amélioration significative ?
Ils ont démontré une meilleure compréhension des concepts et des techniques du Mòyú’pa, ainsi qu’une amélioration de leurs compétences dans l’exécution des mouvements et des rythmes. De plus, leur connaissance de l’histoire et de la signification culturelle du Mòyú’pa s’est également approfondie. Dans l’ensemble, ces enfants ont fait des progrès notables.
Quelles stratégies ont été les plus efficaces pour faciliter l’apprentissage des participants ?
Nous pouvons mentionner entre autres, l’utilisation de jeux et d’activités ludiques qui incorporaient la langue maternelle, ce qui a rendu l’apprentissage interactif et amusant. La mise en place d’activités pratiques, telles que des conversations courtes et des simulations de conversations réelles, a également été bénéfique pour aider les enfants à pratiquer et à utiliser la langue de manière concrète. Enfin, l’encouragement et la récompense des progrès des enfants ont joué un rôle essentiel pour maintenir leur motivation et leur intérêt pour l’apprentissage de cette langue.
Comment les parents vous ont-ils accompagné durant cette période ?
Pour la mise à disponibilité des enfants oui quelques uns l’ont fait. Mais ce que nous regrettons c’est la frustration qu’ils ont causé chez ces derniers lors de la cérémonie de clôture. Les petits avaient préparer des prestations et bien d’autres surprises pour leurs parents, une belle salle a d’ailleurs été apprêtée à cet effet malheureusement personne n’est venu à l exception d’un seul parent qui a eu l’ amabilité de venir honorer ces enfants. Nous avons vraiment eu de la peine pour eux. Nous espérons que les choses s’amélioreront à l’avenir.
Y a-t-il des aspects sur lesquels vous pensez pouvoir vous améliorer pour les formations futures ?
Oui. Il est essentiel que les formateurs respectent la ponctualité afin de garantir un déroulement fluide des sessions d’apprentissage. Les retards accumulés peuvent être problématiques, surtout lorsque les salles de classe sont fermées et que les enfants doivent attendre à l’extérieur. Heureusement, des dispositions ont été prises en amont pour faire face à ce genre de difficultés, mais il est important de continuer à travailler sur l’organisation et la gestion du temps afin de fournir une expérience optimale aux apprenants.
Avez-vous d’autres attentes ?
Nous attendons de ADEVIPA que cette association, puisse mettre des fonds à disposition, pour la cellule du Mòyú’pa au village, au moins pour les besoins de base. En ville, nous parvenons à jongler pour subvenir aux besoins grâce aux fonds que nous collectons, même si cela reste très difficile. Nous demandons également à Sa Majesté le Roi , ceci étant une doléance, de publier un deuxième communiqué qui inciterait les filles et les fils Bapa du Cameroun et de la diaspora à envoyer leurs enfants et même à venir eux-mêmes apprendre la langue maternelle bapa, tandis que nos équipes sur le terrain continueront de sensibiliser les populations afin qu’elles s’impliquent véritablement dans ce projet. Enfin, j’aimerais lancer un appel à tous les volontaires pour qu’ils viennent se former et ainsi pouvoir enseigner, car nous sommes en effectif réduit en tant que formateurs.
Propos recueillis par Mireille SIAPJE
Voilà qui est bien dit ..
@ Mdm Marthe NGOUNOU Coordonnateur général du Comité scientifique des 06 communautés
Cher frères et sœurs mettons-nous au travail, mettons-nous à l’apprentissage à l’école de notre langue
Envoyons nos enfants et pourquoi pas nous à l’apprentissage de notre langue..